Il est presque midi. Nadine est dans sa cuisine et s’affaire à couper des poireaux en rondelles. Jean arrivera d’ici quelques minutes avec les coquilles Saint Jacques du marché.
Sa fondue sera prête juste à temps. C’est lui qui fera revenir les coquilles dans le beurre de la poêle chauffée à blanc. C’est leur spécialité. C’est la spécialité qu’ils aiment se préparer tous les deux ensemble. Ce n’est pas de la recette de Nadine, pas celle de Jean, c’est leur recette, ils aiment la préparer ensemble, et c’est leur met favori.
Jean arrive, manifestement heureux, elle le lit sur son visage. Il n’a rien dit. Mais elle a deviné. Il dresse la table. Et chose inhabituelle, il met un air de musique. Il vient vers elle et sans mot dire, saisit ses épaules et l’entraine pour quelques pas de danse. Il enserre sa taille. La presse tendrement contre lui. Elle le regarde en souriant, il plisse les yeux, il est heureux, elle est heureuse. C’est un regard tendre. Et complice. Ils s’aiment. D’un amour vieux de trente ans. Ils s’aiment encore.
Elle retourne à ses poireaux. Lui, met son émission favorite à la radio. La routine reprend sa place. Elle n’a rien de pesant pour eux. Ils sont bien ensemble. Et cette petite danse a suffit à régaler ce quotidien heureux.
Dites moi que ça existe, pour de vrai. ..parce que vu d ici ça fait envie. J ai presque entendu la musique et les pas glissés sur le parquet, senti le fumet de la fondue de poireaux.