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Depuis deux ans, elle naviguait de lieu en lieu. Elle s’y arrêtait quelques jours. Parfois quelques semaines quand l’endroit lui plaisait. Plutôt dans le sud de l’Europe. Souvent sur le littoral. Le Portugal, l’Espagne, la France, Croatie et Grèce avaient été son quotidien ces dernières années. C’était souvent la beauté des paysages, la grâce d’un petit village, la bonté des autochtones mais plus prosaïquement la cherté entrait également dans l’équation. Rien finalement ne l’avait véritablement retenue quelque part. Si ce n’est quelques aventures qui avaient prolongé deux ou trois de ses séjours. 

Mais ce matin, en parcourant cette petite route qui zigzaguait entre les pins et les vignes, qui l’emmenait vers ce petit village coloré au pied de la Méditerranée, entre des éperons rocheux, elle avait pressenti un signe. Pour la première fois, il se passait quelque chose. Même l’odeur des lieux qui pénétrait dans la voiture par les vitres ouvertes était enivrante. Un mélange d’aiguilles de pins séchés au sol et un parfum de mer. Les couleurs de début d’automne étaient encore chaudes et les ombres allongées, les couleurs passées des maisons étaient sublimes. De vieux roses, quelques ocres, des jaunes et parfois même des verts osés ornaient les façades des maisons. Les cactus livraient leurs figues avec opulence, tandis que les pins maritimes demeuraient vert tendres. Quelques barques de pêcheurs désorganisaient la platitude de la mer en cette heure matinale. Le silence était absolu. Aucun bruit ne venait déranger la contemplation de ce paysage si ce n’était quelques oiseaux discrets. Le temps était splendide. Rien ne semblait vouloir contrarier ce petit paradis. 

C’est ainsi, ce sont dans ces conditions qu’elle a découvert ce petit village perdu des Cinque Terre Italienne.