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Marine est là, déjà à l’attendre quand il descend dans la pièce commune. Personne ici ne se pare de quoique ce soit mais Téo se dit que Marine est décidément bien jolie, y compris en cette heure bien matinale. Le soleil n’est pas encore levé.

Marine lui dit :”

  • Avale vite quelque chose, elles ne vont pas nous attendre tellement plus longtemps !”

Téo se prépare un solide petit déjeuner qu’il avalera en quatrième vitesse. Cette première nuit a été difficile. Les enfants dorment ensemble par tranche d’âge. Ils n’appartiennent à aucun parent et tous sont les enfants de la collectivité. Les adultes conservent cette habitude. Personne n’appartient à personne et les lits meuvent. Marine, Laura, Romain et Alex vivent une dans une même chambrée. Téo dorénavant l’a intégrée.

Téo :”

  • Je suis prêt, nous pouvons y aller.”

Marine franchit la porte. Elle adopte un pas rapide qu’il peine à suivre, d’autant que la lueur du jour point à peine. Marie explique à Téo que les vaches sont à près d’un kilomètre. Elles sont situées près d’un grand pâturage auquel est adossé une petite étable. La première tâche sera de vérifier qu’elles sont toutes bien là, qu’elles sont en forme, trois d’entre elles sont à surveiller car elles devraient vêler sous huitaine. Puis viendra l’heure de la traite. Il faut compter presqu’une heure. Tout se fait bien évidemment à la main. Ensuite, elles seront mise en pâture, et il faudra avec le cheval ramener le lait à la ferme. Alors il sera tant de faire un repas et une sieste. Puis de recommencer cette tâche la fin d’après-midi venue.

La journée est éreintante. Marine lui avoue que pour un nouveau, il s’en tire plutôt pas mal. Gare aux deux et troisième jour le prévient-elle.

Durant cette journée, Marine et Téo parlent beaucoup, et petit à petit leur discussion prend un tour plus personnel. Marine lui avoue que sa situation n’est pas si enviable. Autant il est possible d’arriver du jour au lendemain dans cette communauté, car l’accueil est un des préceptes essentiels, autant le faire dans le sens inverse s’avère quasiment impossible. L’argent en dehors est roi. Ils n’ont pas d’argent. Par ailleurs, bien qu’aucune hiérarchie officielle n’existe, au fil des années, des caractères s’imposent. A leur âge, ils sont transparents. Les enfants sont éduqués. Les vieux dirigent malgré eux. Les vingt-trente ans sont les forces vives auxquels tous les travaux laborieux sont infligés. Elle même se sent épuisée et accueille avec bonheur l’arrivée de Téo. Elle fera ce qu’il faut pour le ménager pour que petit à petit il puisse reprendre les vaches.

Aussi, elle lui permet après la sieste, de ne pas participer à la deuxième moitié de la journée. 

Décidément, rien n’est tout à fait aussi simple qu’il se l’était figuré. Le vivre ensemble est quelque chose de compliqué où que l’on soit. Il se réjouit néanmoins de ce rapprochement d’avec Marine et s’impatiente déjà du lendemain matin.