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De bons contacts

 

Téo avait abandonné tout moyen de communication dit “moderne”. Pas de téléphone et pas d’email. Les personnes qui voulaient entrer en contact avec lui y étaient habitués et parvenaient toujours à leurs fins. 

 

Dans la ferme “Ivre de bonheur”, de nombreux liens étaient assurés avec d’autres collectifs, des partages autour de nouvelles pratiques, hiérarchie plate, démocratie participative, les aspects légaux, mais aussi des choses tout à fait concrète sur la construction, les matériaux, le jardin, la forêt et les animaux, la lutte de façon générale, les sujets de préoccupation du moment comme le réchauffement climatique.

 

Téo avait rencontré David de la Zad de Notre Dame des Landes qui lui avait beaucoup parlé de leur combat. Longtemps très offensifs à occuper un terrain, jouant au chat et à la souris avec les CRS, puis une phase d’occupation illégale de terrain jusqu’à ce que finalement quelques années plus tard où l’état avec redistribué les terrains préemptés aux agriculteurs autochtones et à ceux qui avaient occupés les terres. Là, les choses s’étaient compliquées. D’une part parce que le combat était terminé. Toute l’énergie des occupants étaient jusqu’ici tournée vers cette lutte. D’autre part, parce que cinq ans après l’occupation des sols, les profils avaient évolué, souvent de jeunes rebelles vers des couples avec enfants en bas âge, conformistes parfois. Presqu’une moitié d’entre eux s’étaient tournés vers de nouveaux combats dans d’autres lieux, quand l’autre moitié était restée. C’est donc la moitié tiède qui demeurait et exécrait les derniers excités qui ne s’y retrouvaient plus. David était de ceux-ci. Il ne supportait plus “le train pépère” disait-il qui résidait maintenant en ces lieux. 

 

C’est la raison pour laquelle David rejoignait Téo demain pour qu’ils puissent discuter d’avenir. L’un et l’autre face à un passé qui ne leur convenait plus, face à un avenir ouvert.