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Belle et Rebelle

 

Téo et David avait convenu d’un rendez-vous, non pas chez la mère de Téo qui malgré son vécu dans la mouvance Larzac, ne supportait pas ces nouveaux “révolutionnaires” qu’elle considérait belliqueux, mais dans le troquet du village voisin. 

David avait lui aussi considérablement fondu. Il faut croire que misère et alimentation locale et de saison avait un effet systématique sur les corps. Cela dit, dans les deux cas, conjugués à des efforts physiques, elle les avait affaiblit au point qu’ils devaient s’économiser et affectait leur moral. Il aurait sans doute fallu que la société se nourrisse comme eux pour désenfler quand ces travailleurs méritaient de s’empiffrer des cochonneries qui gangrenaient ce monde occidental. 

Alignés sur de nombreuses idées, de décroissance, de mieux vivre, de mieux manger, de plus partager, de collectif, d’autonomie, ils déterminèrent rapidement leurs points d’achoppement. 

David était un combattant. Ce qui l’intéressait par dessus tout était une cause, se l’approprier, se l’accaparer, la défendre, et la défendre violemment était, il en convenait, sa motivation principale. La cause gagnée l’intéressait moins. Il se sentait en résistance, de ceux qui affrontent, de ceux qui renversent les tables. Le projet de voie ferroviaire Lyon-Turin était le nouveau chantier qu’il souhaitait stopper par dessus tout. 

Téo bien qu’ayant des idéaux relativement proches était davantage tourner vers la construction. Plus idéaliste, il rêvait de construire une nouvelle société en adéquation avec ses valeurs qui petit à petit par la démonstration aurait attiré un plus grand nombre vers une nouvelle organisation de société, plus compatible avec la planète et le bonheur individuel et collectif.

La grande force qu’ils avaient accumulés de ces années de collectif, l’ignorant eux-mêmes, est qu’ils avaient des avis assez opposés, mais savaient bien l’un et l’autre ce qu’ils étaient et désiraient, tout en parvenant à s’entendre, à s’écouter, à se respecter.

Téo et David allait se quitter, connaissant leurs points de vue, continueraient de s’aimer en menant chacun une nouvelle aventure.

Cette journée ne leur permettrait pas de mener un projet commun mais avait éclaircit ce que chacun d’eux souhaitait exactement.

Téo repartait heureux et allégé, son projet se précisait. Mais il sentait en lui une crainte. 

Une crainte qu’il ne parvenait pas à identifier.