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Elle vit là haut. Accrochée à son rêve. Elle l’a connu bien jeune. Elle en est tombée éperdument amoureuse. Sa radicalité en tout le rendait grisant. Différent. Plus de sport, toujours plus de sport. Affronter les parois toujours plus longues et verticales. Battre les records. Des journées à arpenter la montagne. A tout vouloir vaincre. Elle partageait ses envies et ses valeurs. Elle n’avait pas de rêve. Il en avait pour deux. 

 

Alors, elle l’a suivi. Dans tout. Et partout. Il a trouvé un lieu. Retiré. A 1800m d’altitude au pied d’une montagne écrasante. Inaccessible l’hiver autrement qu’à deux heures de marche. Elle l’y a encore suivi. Encore. Il a mis le même acharnement à reconstruire, agrandir et faire de ce lieu un endroit vivable presque confortable. Elle n’avait pas de rêve, si ce n’est d’accompagner cet homme. 

 

Douze ans plus tard, elle le suit. Ses rêves à lui ne se sont pas étiolés. Son regard lumineux et sa belle humeur affichent sa réussite. La poursuite inexorable de son bonheur sans crainte, sans faiblesse, que rien ne peut arrêter. Tout cela l’a rendu plus fort. Plus beau aussi.

 

Mais ses yeux à elle se sont affadis. Ses yeux à elle se sont chargés. Les larmes sont là. Juste derrière les paupières. Prêtes à couler nombreuses sur ses joues. Prêtes à se déverser. Prêtes à inonder ces terres. Prêtes à nourrir un ruisseau qui emportera tout sur son passage. Celle ou celui qui déclenchera cette première larme créera le déluge redouté.

 

Qu’est-il arrivé ? A-t-il été égoïste ? A-t’elle été naïve ? L’un a t’il profité de l’autre ? Qu’est-ce qui a échoué ? Le couple n’est-il qu’un enfermement ? Un enfermement consenti, une cellule dans laquelle on s’enferme volontairement, dans laquelle on cache la clé et dont on oublie finalement la cachette ? Il y a ceux qui veulent oublier la clé, ceux qui feignent de ne vouloir ouvrir la porte, ceux qui retrouvent la clé, et ceux qui font voler la porte avec un explosif ou une crue torrentielle ?