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Les jours suivant se suivent et se ressemblent. Le beau temps. Les ambiances automnales. Le soleil pâle qui chauffe encore les peaux. Les brumes qui s’éparpillent. Quelques champignons dans les sous-bois. Les vaches qui bientôt descendront de leurs alpages. 

Mais aucune nouvelle de Sandrine. Pas même un sms. Rien. Nada. 

Le petit groupe de citadins qui s’était réunis samedi au hameau a maintenant déserté, et la vie paisible de ce coin de montagne a repris son cours.

Je poursuis ma vie d’avant, mais un grain est venu gripper les rouages parfaitement huilés. Je ne cesse de repenser aux épisodes du week-end, cet enterrement, cette musique que j’écoute en boucle, cet évènement quasi festif, cette ressemblance physique qui m’était soulignée et l’improbable rencontre avec Sandrine. Evidemment, mon esprit ne peut s’empêcher d’élaborer des hypothèses fantasques et je tente de ne pas céder aux raccourcis vers lesquels ces éléments réunis semblent vouloir m’orienter. 

Je ne souhaite pas me rendre dans ce cimetière mais l’aperçois de ma fenêtre. La tombe simple est fleurie. Mais la fraicheur des nuits a déjà entamé la fougue des fleurs. 

Arpentant le village et les alentours pour y promener mon chien, je croise Christian, un des rares habitants à l’année, qui passe plus de temps dans les rues du hameau qu’à son domicile. Après les banalités d’usage, il me parle rapidement de l’événement hebdomadaire de la commune. D’abord dans des termes de « les gens des villes ne respectent plus rien » pour ensuite « c’est quand même plus agréable des décès fêtés de la sorte. Pour mon enterrement j’aimerais beaucoup ce genre d’ambiance ». Puis de m’expliquer que la famille est de Lyon et qu’ils ont une maison familiale dans le hameau dans lequel ils viennent chaque été avec les enfants.

Je rentre à la maison. Je travaille. J’observe les cieux. La montagne. J’attends les prochains signes.