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Samedi matin, je serai sur un chemin de randonnée pour 1 mois avec mon sac et Rebelle. Envoyez moi des messages, ça me fera plaisir 🙂

Voici le chapitre 11. Les chapitres précédents sont disponibles sur ce site. Ils sont disponibles par le menu en haut à droite de cet écran dans la section blog. Bonne lecture. 

 

Jérôme est reparti hier en fin de matinée. Il est en forme. Il a repris sa vie trépidante. Moi je l’ai abandonnée. Pour un temps sans doute. Je l’ai laissée de côté. Je craignais de ne savoir comment faire sans cette surexcitation quotidienne. Sans tous ces projets. Sans toute cette intensité. Et je me suis laissé faire. Abandonné. Et je le vis bien. Beaucoup mieux que je ne l’avais imaginé. 

 

Pour autant, j’ai souvent des idées noires. La mission est accomplie. J’ai réalisé beaucoup des choses qui me semblaient importantes. J’ai également raté ce qui m’était essentiel. Je ne vois rien devant qui m’excite réellement. Je ressasse ce récent passé raté. Je me bats et je subsiste. Mais au fond de moi, je sais que rien ne me tire réellement en avant. Alors j’essaie de trouver. Et je compte sur le destin pour mettre devant moi ce qui va me hisser. Après tout, j’ai tiré la corde toute ma vie. Je m’attends à ce qu’une corde et une place me soit offerte. Mais ça ne vient pas. Alors j’attends. Mais j’envisage un peu sérieusement que les choses puissent se terminer ici. Ce ne serait pas vraiment un échec. Plutôt même la fin d’une étape réussie. Heureusement, j’ai un caractère sûr, affirmé et calme. Mais le courage est absent de mes prédispositions. Alors j’y songe. J’y pense. J’y réfléchis. Mais rien de glorieux ne me séduit. Je choisis la destruction. Longue. Mais massive. 

Dans moins d’une semaine maintenant, je devrai remettre les clés de ce gîte. La facilité serait d’y rester. Mais j’ai envie de changer. On m’a beaucoup parlé d’un lieu. Le lieu culturel du massif, celui des fêtes également, où se produisaient nombre de spectacles, de concerts, de pièces de théâtre, un vrai lieu de culture et de convivialité. Il a dû fermer suite à des problèmes de voisinage. Même dans ces lieux retirés et paumés, les problèmes de voisinage existent. C’est dommage. Toujours est-il qu’il s’est transformé en résidence d’artistes et de péquins. Appartenant à cette deuxième famille, je décide de prendre contact avec la propriétaire pour savoir si quinze jours y seraient disponibles. Et j’ai bien fait. Je serai accueilli. Dans cinq jours maintenant, je changerai de lieu de vie. C’est étrange après avoir vécu dans de grandes demeures, souvent agréables, de vivre avec deux grands sacs, un chiot et une 2CV.

 

Je crois que c’est à ce moment là de ma vie que je décide d’assumer qui je suis. J’ai 47 ans. Je me fiche de ce que l’on pense. Je me fiche de ce que je suis. Je ne sais pas que ce que je deviendrai. Ce que je vis est ce que beaucoup vivent, ont vécu, vont vivre. Ce n’est pas glorieux. Mais cela fait partie de nos vies. J’ai eu beaucoup d’idéaux, beaucoup également de préjugés solidement ancrés, mon métier et ma vie m’ont permis de rencontrer beaucoup de personnes. Et j’ai compris que les cons et les géniaux étaient partout. Là où je n’avais pas supposé les rencontrer. C’est un peu tard pour tout cela. 

 

Demain, j’en parlerai avec Noëlle. Ma voisine. Et dorénavant mon amie. Je lui annoncerai mon départ prochain.