Elle arpente le monde. Elle en a fait sa vie. 15 ans déjà qu’elle se promène de missions en missions. L’humanitaire est dans son adn.
Enfant, adolescente, puis jeune, les lectures, de Ruffin entre autre, l’avait guidé vers cette vie, d’abord par altruisme vis à vis de population en difficulté, par la vie non conventionnelle que cela représentait, jusqu’à ce que la vie des études et des premiers jobs l’écrasent et l’épuisent. Une rupture douloureuse avait signé la fin de sa vie conventionnelle et l’avait aidé à passer le pas, à accepter une première mission. Celle-ci aurait pu être la dernière, car l’inconfort y était prégnant. Mais ce qui nous inquiète nous excite à part égale, et la découverte d’elle même dans ces situations inconfortables l’avait tout autant émoustillée.
15 ans plus tard, elle avait développer un sens aiguë de l’empathie, de la proximité, de la compréhension. Dans un monde nouveau, quelques jours lui suffisait à développer des amis pour la vie. 1 mois à 2 ans allaient la lier à ceux qu’elle venait aider. Ca change beaucoup de choses. A cette fréquence elle pouvait renouveler ou améliorer sa personnalité. Sa progression était grande.
Son désir d’aider les peuples en difficulté demeurait intact. Et c’était une grande chance, car beaucoup des collègues qu’elle fréquentait s’était peu à peu enfermé dans une routine de travail.
Elle avait aussi déchanté. Non pas de l’aide qu’elle apportait effectivement aux populations locales. Mais de la bureaucratie qui s’installait dans son métier. Et plus encore aux influences politiques qu’elle amorçait de comprendre. Elle se sentait un pion que l’on manipule. Etonnamment, les conflits où se déroulaient l’implantation possible d’une multinationale pétrolifère semblait privilégier ses affectations. Ou parfois le renversement d’un politique..
Elle était entremêlée. Les autres, ses anciens amis, lui semblait d’une fadeur confondante. Elle comprenait aussi ses propres évitements. Mais, elle nostalgiait ce que ses amies proches vivaient, les maris, les enfants, les divorces.
Elle se sentait vivre une vie trépidante, excitante, différente, une dinguerie, ce qu’elle avait souhaité, ce paroxysme de vie de tous les instants.
Elle se voyait l’âge venir où elle ne pourrait plus vivre ce que la masse vie. Ce qu’elle ne voulait mais qu’elle commencait par entrevoir comme un possible regret. Un jour.
Que faire… ?
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