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J’ai reçu quelques encouragements pour poursuivre ce premier chapitre. C’est agréable et encourageant. Ca tombe bien car j’en ai quelques uns d’avance. Je vais poser le deuxième ci-après. Ca ne sera sans doute pas le plus simple à faire digérer. Heureusement, c’est de la fiction et on peut s’en arranger comme on le souhaite.

En attendant j’ai passé un beau week-end familial – amical en Dordogne pour y fêter l’anniversaire du petit frère. Comme c’est beau ce coin de France. Ses pierres jaunâtres et ses prairies vertes et vallonées.

Ma fille Violette m’envoie gentiment de temps à autre des musiques récentes qui pourraient coller à mes goûts. Elle le connait son Papa ! Ici, sa dernière trouvaille.

 

Les journées se succèdent et l’épais nuage qui enveloppe le village est demeuré impassible. Je suis parvenu à réchauffer quelque peu la maisonnette, mais ses murs épais ont emmagasiné le froid et l’humidité de l’hiver. Je profite de ces longues journées pour lire. Mais le froid m’empêche de rester plus d’une heure dans le fauteuil laid. J’arpente le village voisin au volant de mon bolide jaune pour y faire les emplettes nécessaires à ce séjour. C’est sinistre. Heureusement, le saucisson et le fromage que j’en rapporte s’avèrent excellents. 

 

Je décide de réfléchir cet après-midi là aux activités que je pourrais occuper pour cette nouvelle vie. C’est compliqué, car j’ai comblé de mes envies la précédente. 

 

J’ai eu une vie amoureuse stable et délicieuse dont sont nés deux enfants splendides. A tout égard je les trouve réussis. Beaux, éduqués, autonomes, agréables, chacun avec un caractère. J’ai le sentiment d’avoir accompli une mission, de l’avoir réussie, mais qu’elle est dorénavant derrière moi. Ma femme a réalisé plus rapidement que moi que cet épisode se terminait et a décidé de se consacrer à de nouvelles activités qu’elle n’entend pas partager. Dorénavant, elle se concentre sur elle, ses souhaits, veut dévorer le monde, mais seule. Elle prévoit une longue liste d’envies qu’elle souhaite réaliser, et les projets que je lui propose lui sont minables. Petit à petit, je comprends que quoique je suggère, elle n’en veut aucunement. Les voyages nous avaient jusqu’ici réunis, elle ne les souhaite plus avec moi. Je lui ai proposé un tour du monde, la traversée de l’Amérique du sud, un long périple en vélo, un autre à pied, en camping car, rien ne lui convient, mais pour autant rien en retour ne m’est proposé. A ce jeu, nous tenons les trois dernières années des trente ans qui nous avaient rassemblées. Elles ont été belles ces années.

 

 

Alors, j’ai rencontré Sophie. J’en suis tombé éperdument amoureux. Comme seuls savent le faire les adolescents. J’ai peuplé ses jours et ses nuits d’écrits et de baisers. J’ai senti cette deuxième vie démarrer et j’étais heureux que nous partagions ces moments de délices. Je ne me lassais pas de la voir et j’avais envie de tout faire avec elle. Nous avions à plusieurs égards des parcours assez proches. D’enfance et de vie amoureuse notamment. L’un et l’autre avions connu nos conjoints jeunes et vivions depuis longtemps avec eux. Notre histoire était passionnelle. Torride. Et terrible. Nos rythmes ont été différents. Elle m’en a voulu. Je la désirai pour le reste de ma vie. Son amour s’amenuisait. Elle est partie. Je me suis senti mourir, je me suis abandonné, puis j’ai renoncé à tout de ma vie d’avant.

J’avais aimé ces deux femmes de façon totale. Adolescente. Elles, étaient plus mures. Je n’étais pas l’homme qu’elle voulait. Et l’une et l’autre à leur manière s’en sont allées. J’avais le sentiment d’un immense gâchis.

Ma vie professionnelle avait elle été moins compliquée. Un peu moins de 10 ans dans une entreprise que j’avais accompagnée avec efficacité, puis création d’une société avec un associé. Une jolie réussite que nous avions mené durant 16 ans. Les deux dernières années avaient été plus difficiles et je me disais que c’était l’occasion d’essayer de changer de métier. Nous l’avons vendu.

J’en étais donc là, un long parcours amoureux stable pour terminer par deux années chaotiques. Le sentiment d’échec avec deux femmes que j’avais tellement aimées. Une société vendue. Plus de travail. Plus de maison. Plus de dette.

Une liberté étourdissante, un horizon vierge, la possibilité de tout. Je venais ici pour observer ce paysage grandiose et savoir de quoi j’allai le peupler. Tout était permis. C’était tellement vaste que c’en était anesthésiant.