Quelles étaient les chances que ces trois livres soient ensemble, que ces trois livres là, et ces trois seuls tombent ensemble, et tombent sur une fillette qui se fracasse à terre, dont la fleur se retrouve au sol en miettes, pétales, feuillage, tige et l’eau….
Mais pire encore. Que dois-je faire de cela ? Mille interprétations de tout cela sont possibles. Dois-je l’interpréter, dois-je l’ignorer, que dois-je faire de tout cela ?
———
!!! Attention !!!
A votre tour, exercice pratique. Je vous demande d’écrire le chapitre final de phénomène pas très normal en commentaire de cet article. Je compte sur vous pour une belle interprétation !
Quelles étaient les chances que ces trois livres soient ensemble, que ces trois livres là, et ces trois seuls tombent ensemble, et tombent sur une fillette qui se fracasse à terre, dont la fleur se retrouve au sol en miettes, pétales, feuillage, tige et l’eau….
Mais pire encore. Que dois-je faire de cela ? Mille interprétations de tout cela sont possibles. Dois-je l’interpréter, dois-je l’ignorer, que dois-je faire de tout cela ?
Pourtant j’ai la sensation que la réponse est là sous mes yeux et que je n’arrive pas encore à la saisir.
Un mal de crâne se réveille lancinant alors je comprends que ça n’est pas à cet instant que je trouverai un sens à cette déflagration.
Déflagration, tsunami, explosion , que de mots forts et bruyants
Pourquoi cette chute me fait elle tant d’effets, me laissant livide et tremblant.
Assis sur le canapé, les livres et tout le reste jonchant toujours le sol, ma main caresse machinalement le pelage de ma chienne , lorsqu’un poème venu de mon enfance me remonte à la mémoire.
Sans doute que les quelques pages qui se sont échappées d’un des livres en tombant m’évoquent des feuilles d’arbres éparses et on ouvert la porte sur ce poème enfoui.
A l’enterrement d ‘une feuille morte
Deux escargots s ‘en vont
Ils ont la coquille noire
Du crepe autour des cornes
Ils s ‘en vont dans le soir.
Je tombe alors à genou, stupéfait de comprendre enfin le message qui restait inaudible et qui maintenant me transperce les tympans, le cœur.
Le sens de tout ceci est parfaitement évident…
Ces histoires sont mortes et c’est même un véritable enterrement avec une fleur et l’eau des larmes que tu as tant versé que tu as devant toi mais maintenant s’il te plaît , laisse nous partir, semblent lui demander ces trois livres réunis.
Arrête de nous ensevelir dans ta mémoire, laisse nous continuer notre route .
Il a l’impression qu’une force surnaturelle arrache de tout son être, ce qui le constituait depuis ces longues dernières années et le laisse non pas vide mais épuisé.Non pas anéanti mais bizarrement libéré. Il n’a plus de le devoir d’entretenir ce passé puisque c’est le passé qui veut s’échapper.Il peut donc arrêter de désespérer, d’entretenir de faux espoirs et de lourds regrets.
Les livres se sont échappés.
Il est libre de reprendre sa vie en main, de reprendre sa marche et d’espérer .
Il était l’heure de ranger ce petit dégât.
Assez rêvassé !
C’est bien sûr un pur hasard que ces trois livres soient ensemble. je les replace toujours sans ordre après en avoir repris un pour relire un passage ou me replonger dans les réflexions des auteurs que je souligne au cours de mes lectures. La fillette était en équilibre instable après une remise en rayon quelque peu avinée, voilà tout. La lecture de la veille s’était accompagnée d’une exquise dégustation d’un Derain Saint-Aubin 1er Cru Blanc 2019, qui n’est pas vraiment un vin naturel mais qui est issu d’une culture biodynamique exigeante d’un vigneron gourmand.
Mes papilles gardaient une douce trace dans leur mémoire gustative.
Après avoir épongé le sol et ramassé les restes de ma tulipe jaune, J’ai poursuivi en rangeant les livres. Bizarrement, je les ai séparés ; un à chaque rayon de ma bibliothèque comme si je voulais rompre le sort. Décidemment mon esprit cartésien était encore un peu embrouillé par les 13 degrés du breuvage.
Je suis ensuite passer par la cuisine à la recherche d’un peu de vinaigre blanc car ma fillette était ternie de calcaire. Je l’ai plongée à tremper dans cette solution ménagère. L’ardeur avec laquelle je frottais cette fiole ne m’était pas coutumière. Je n’ai pas l’obsession d’une parfaite propreté mais je me suis acharné à faire disparaitre la moindre petite trace blanche. C’est alors que je frottais avec mon chiffon près du goulot qu’une énorme déflagration m’a projeté au sol. Dans le même temps une épaisse fumée a envahi tout mon appartement. J’étais complètement groggy, assommé contre un mur et dans l’impossibilité d’y voir plus loin que le bout de mon nez tellement le nuage dans les pièces était dense.
Où l’explosion s’était-elle produite ? dans l’immeuble, dans la rue, dans mon logis ? Il y avait bien eu un souffle puissant mais le son n’avait pas été violent ou alors j’étais devenu totalement sourd instantanément. J’ai pu rebougé peu après et constaté que j’allais plutôt bien.
Une fois remis sur pieds je me suis dirigé à tâtons vers la porte fenêtre du salon dans la purée de pois la plus totale. Il fallait que j’en ai le cœur net. Que s’était-il passé ?
En me déplaçant à l’aveugle je sentais du bout de mes doigts ou sous mes pieds que rien n’était brisé, que les vitres n’avaient pas volées en éclat et que les objets du quotidien semblaient être à leur place.
J’atteignais péniblement le loquet pour me précipiter sur le petit balcon. Un paquet de clopes trainait sur la chaise et je décidais de m’en griller une pendant que la fumée se dissipait par panache. Une pause s’imposait pour faire le point. Dans la rue il n’y avait rien d’anormal. Les gens vaquaient à leurs activités habituelles à pieds ou dans leurs voitures. Personne ne levait le nez vers moi avec un air abasourdi ou terrorisé. J’étais sur mon balcon comme si de rien n’était, seule la fumée sans odeur qui s’échappait de mon salon me rappelait l’évènement. Je vivais la matinée la plus folle de toute mon existence et je commençais presque à douter de ma santé mentale. Je me suis surpris à approcher le bout incandescent de ma cigarette de mon avant bras et quelques poils ont roussi alors que je sentais déjà la chaleur sur ma peau. Je ne rêvais pas.
la visibilité semblait meilleure et je décidais de faire le tour des lieux pour déterminer ce qui s’était passé ici. Je suis rentré dans le salon et là, nom de dieu ! Ce n’est pas possible !
Dans le canapé en face de moi une créature d’une indescriptible beauté est allongée nue, endormie profondément avec le souffle tranquille du sommeil paisible.
Le blast de tout à l’heure n’est rien comparé à celui que je me prends à l’instant. je m’affale littéralement dans le canapé en face, les jambes sciées sans force. Et je reste là, hébété, le regard pétrifié sur ce corps sublime, ce visage parfait et cette peau dont la douceur vous caresse les yeux.
Si j’étais là, je prendrai ton visage dans mes mains, je te regarderai dans les yeux et je te dirai :
– « Mon Guillaume, ce n’est pas grave, ce ne sont que des livres, rien de plus, les livres servent à faire rêver, à se sentir ailleurs le temps de quelques pages, il ne reflètent en rien la réalité, on choisit seulement de lire des livres qui nous ressemblent un peu, qui nous font vibrer, dans lesquels on trouve des morceaux de soi… Mais la vraie vie, elle est ailleurs… Il faut que tu te demandes si tu veux rêver, vivre dans le passé ou dans l’ici et maintenant…»
Ce à quoi je rajouterai :
– « Regarde le bon côté des choses, la fillette n’est pas cassée et même si elle l’avait été, tu en aurais trouvé une autre et puis la fleur, dans tous les cas, elle aurait fané et tu l’aurais remplacée… »
Allez, puisque je suis là, je vais t’aider à nettoyer…