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J’ai trouvé un rythme et je vais trop vite. Je risque de ne pas avoir le temps de poster les chapitres avant mon départ alors j’intensifie la publication. Je vous souhaite une bonne semaine.

 

La proposition d’invitations faites à mes amis ne tarde pas à susciter quelques volontaires. Et c’est tant mieux. Car si je veux tenter cette expérience de solitude, je sens au fond qu’elle ne me ressemble pas. J’ai besoin de mes amis, de ma famille, de mes enfants. Mais c’est un besoin devenu sans doute excessif avec les années. Comme tout ce qui me constitue maintenant. Et comme toute chose nouvelle, je sens que cette solitude est de moins en moins encombrante et que je serai très certainement capable de l’apprivoiser. J’y prendrai peut-être même un peu de plaisir si ça continue comme ça.

Un premier ami passe quelques jours après au gîte. C’est une relation que j’ai tissé durant mon travail précédent, mais j’ai toujours senti qu’un lien amical était possible, presque naturel. Ce soir là, c’est ce qui se passe. Nous sommes sur une longueur d’ondes évidente, une même et seule. Rapidement, nous nous confions l’un à l’autre. Et l’autre à l’un. L’échange est complet. Et l’apparat disparait. Ce sont nos histoires amoureuses qui prédominent durant cet échange. Puis viennent heureusement nos projets de vie. Ceux fantasmés. Ceux qui sont possibles. A cela prêt que pour la plupart, il n’existe pas véritablement d’obstacles à ceux que je fantasme. Et c’est à ce moment là que je comprends ce qu’est un fantasme. Est-ce que j’oserai les visiter ? Est-ce que je m’y confronterai ? Alors que personne d’autre que moi ne m’en empêche ? Il ne s’agit en rien des fantasmes que vous imaginez. Plutôt de ma vie future. En premier lieu revient souvent l’idée de me projeter dans un lieu relativement isolé où je puisse accueillir du monde. En tournant et retournant cette idée, le gîte, la maison d’hôtes, l’hôtel sont des images dans lesquelles je me projette volontiers. La soirée passe. Nous nous alcoolisons suffisamment pour rire, assez pour imaginer de prochaines vacances ensemble à vélo. Je sais que Rebelle sera un obstacle. Mais nous y rêvons.

Le lendemain matin, lorsque je me réveille, pourtant tôt, mon ami est parti rejoindre son travail et ses obligations. Quelle drôle de chose que ce qui m’arrive. Je n’avais pas imaginé ma vie sans contrainte. Sans attache. Sans problème à résoudre. Sans excès de travail. Sans soucis. Or, la seule astreinte qui me rattache quelque peu à la réalité, c’est la nécessité d’entretenir ce chiot. Le sortir et l’alimenter. J’ai décidément bien fait de l’accueillir. Nous tissons une jolie relation. Ayant eu déjà plusieurs chiens, je sais qu’au delà de ce que j’arriverai à lui transmettre, elle est de bonne base. Elle aime la compagnie par dessus tout. Elle aime jouer avec les enfants. Elle est curieuse de nouvelles rencontres. Elle a un vrai charme qui fait que même les personnes peu aguerries sont intriguées. Elle sait arranger la suite.

Je sors de la maison. Depuis que les beaux jours sont de retour, mon voisin passe le plus clair de son temps assis sur un banc devant son jardin. Si ses traits révèlent ses addictions, je dois admettre que le temps passant, je l’apprécie de plus en plus. Nos conversations sont courtes. Mais essentielles. Il se prénomme Christian. Je rencontre ce jour sa femme Noëlle. J’ai rapidement un coup de coeur pour elle. Par beaucoup de côté elle me rappelle ma grand mère, aujourd’hui décédée, qui m’a aimée et couvée, comme elle l’a fait pour chacun de ses petits-enfants. Noëlle est native du village et à passé sa vie professionnelle à Chambéry. La ville. De retour dans ses quartiers pour la retraite. L’un et l’autre sont en pâmoison devant Rebelle et avec les belles journées, Rebelle élit domicile chez eux presqu’autant que chez moi.  Comme nous nous connaissons de mieux en mieux, je décide de leur parler de mes projets de gîte et d’hôtel. Et je fais bien. Car si trois gîtes sont en vente dans les agences, deux autres semblent l’être également mais pas officiellement.  Elle me renseigne sur les villages du massif, s’il y fait beau, froid, la façon dont s’y déroule la vie l’hiver, la sympathie de leurs habitants, les histoires de famille et beaucoup de choses qui me font doucement me sentir un dixième d’habitant des Bauges. Je sais que grâce à elle, je progresserai rapidement. Que sur mon front ne sera plus collée pour l’éternité le visa touriste. 

Je prends contact avec un des propriétaires et propose dès le lendemain d’aller faire une visite.

 

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